Clinique Malteser de Weckbecker – Interview avec le Dr. Matejka

Cette année, nous avons reçu le soutien précieux du Dr Matejka. Il est le médecin-chef de la Malteser Klinik von Weckbecker à Bad Brückenau et jeûne lui-même régulièrement. Son nouveau livre “Fasting heals” (disponible en allemand, “Fasten heilt”) a récemment été publié. Vous pouvez en avoir un petit aperçu dans cette interview ! Cette interview a été traduite de l’allemand.

Portrait du Dr Matejke, médecin-chef de la clinique Malteser Klinik de Weckbecker.

Cher Dr Matejka, nous vous remercions d’avoir pris le temps de répondre à nos questions aujourd’hui ! Vous êtes le médecin-chef de la Maltester Klinik von Weckbecker, l’une des cliniques les plus réputées pour les méthodes de guérison naturelles. Vous avez vous-même été l’élève du Dr Erich Weckbecker. Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné dans son travail ?

En allemand, il y a un dicton concernant la passion d’une personne :  ‘‘Pour enflammer les autres, il faut brûler soi-même’’. Ce dicton s’applique au Dr von Weckbecker. Sans se laisser décourager par les nombreuses résistances et oppositions de ses collègues, il a mis en œuvre avec succès et de manière cohérente son concept de jeûne thérapeutique combiné à des traitements biologiques d’accompagnement tels que la physiothérapie et, surtout, les méthodes Kneipp, et ce pendant plusieurs décennies.

Photo de la clinique Malteser Klinik de Weckbecker en Allemagne.
©Malteser Klinik von Weckbecker
C’est là que le Dr Rainer Matejka, médecin-chef de la clinique Malteser von Weckbecker, exerce son activité.

Votre nouveau livre “Fasting Heals” parle de l’effet curatif du jeûne. Dans quelle mesure le jeûne peut-il réellement avoir un effet curatif et ne pas se contenter de soulager des maux ? Et jeûnez-vous régulièrement vous-même ?

En particulier dans le cas de pathologies liées au mode de vie, dans lesquelles les questions nutritionnelles jouent toujours un rôle important, le jeûne thérapeutique peut effectivement avoir un effet curatif bénéfique. Pensons à ce que l’on appelle le “syndrome métabolique”. Celui-ci comprend l’obésité, le diabète du type 2, l’hypertension artérielle et d’autres facteurs de risque pour le cœur. Les personnes ressentant des douleurs aux articulations qui augmentent avec les mouvements (signe d’une arthrose naissante) bénéficient également d’un traitement préventif. Nous obtenons également de bons résultats avec la migraine.

Avec d’autres maladies systémiques, par exemple les maladies rhumatismales inflammatoires chroniques, mais aussi en partie des maladies neurologiques comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson, nous pouvons obtenir un soulagement. Cela signifie que la maladie n’a pas disparu, mais que les patients se sentent mieux. Le patient atteint de la maladie de Parkinson constate par exemple que la raideur, qui affecte particulièrement de nombreux patients atteints de cette maladie, s’est atténuée. Le jeûne a également un effet positif et durable sur les états de fatigue et le besoin de “remise à zéro”, comme on entend de plus en plus souvent aujourd’hui. Je pratique moi-même régulièrement le jeûne par intervalles depuis un certain temps, environ 3x/semaine.

Jeûne intermittent, trois assiettes, une vide, une avec une horloge et une avec un repas composé d'avocat, d'œuf, de tomates et de lard.

Le jeûne est censé aider à soigner les maladies auto-immunes et cutanées, ainsi que les maladies neurologiques. Dans quels domaines pensez-vous que le jeûne offre des chances de succès particulièrement élevées ? Quelles sont, par ailleurs, les limites de son efficacité ?

Les limites du jeûne se situent bien entendu là où il existe d’éventuelles contre-indications. C’est le cas, par exemple, de nombreuses maladies psychiatriques, notamment la schizophrénie, les crises d’angoisse et de panique, les états obsessionnels compulsifs, les délires. Un cancer déclaré est également considéré comme une contre-indication. Il est certain qu’un déficit pondéral en soi est également une contre-indication, de même que la vieillesse.

Dans notre centre de cure, nous veillons à ne pas laisser les patients jeûner sans expérience préalable du jeûne à partir de l’âge de 75 ans au plus tard. Pour les expérimentés du jeûne, nous fixons la limite à 85 ans au plus tard, ce qui n’est pas toujours bien apprécié par les patients…

Pouvez-vous nous expliquer quels processus sont déclenchés dans le corps pendant le jeûne ? Pourquoi le fait de s’abstenir occasionnellement de manger est-il si sain ?

Depuis des dizaines d’années, le jeûne s’explique par des effets détoxifiants et purifiants. Ce langage parlé n’est pas accepté par la médecine scientifique moderne. Grâce à la recherche fondamentale de ces dernières années, nous en savons plus.

Chaque cellule humaine est soumise à un processus d’auto-nettoyage contrôlé génétiquement. Elle est capable de regrouper et de rejeter les produits de dégradation inutiles ou toxiques dans le milieu extra cellulaire (par exemple les protéines) ou bien de recycler ce qui est encore utilisable. En bref, nos cellules se renouvellent complètement et régulièrement. Avec l’âge, cette capacité de régénération diminue et les maladies deviennent plus fréquentes. Le jeûne est le moyen de stimuler à nouveau cette capacité d’auto-régénération.

Un verre d'eau favorisant le jeûne thérapeutique.

Selon de nouvelles découvertes, même les jeûnes de plus courte durée, parfois seulement 1 ou 2 jours, ou même le jeûne par intervalles qui devient de plus en plus à la mode, dans lequel le petit-déjeuner ou le dîner sont généralement supprimés, montrent un changement du métabolisme. On parle de “switch” métabolique : le corps obtient alors son énergie de plus en plus par la combustion des acides gras et non plus seulement par la consommation des glucides. Ce “switch” active d’importants processus métaboliques et immunitaires.

Combien de temps faut-il jeûner pour obtenir les premiers résultats ? Et combien de temps bénéficie-t-on des bienfaits du jeûne ? Cela vaut-il la peine d’intégrer de plus petits intervalles de jeûne dans la vie quotidienne afin de ressentir une amélioration durable de la santé ?

Dans le passé, 21 jours de jeûne et une semaine de réalimentation étaient effectués ici à la clinique. Aujourd’hui, en raison du manque de temps, cela n’a lieu que dans des cas exceptionnels. La plupart des patients ne restent que 10 jours environ à la clinique. Cependant, nous savons, grâce à des recherches récentes, que même une semaine de jeûne peut être efficace. Bien entendu, cela dépend de l’état de santé du patient. Un patient souffrant d’une inflammation chronique a certainement besoin d’un jeûne plus long, d’au moins 14 jours dans un premier temps, afin de créer une base pour d’autres résultats positifs. Ensuite, il est utile d’effectuer une semaine de jeûne supplémentaire, au moins une à deux fois par an. Nous parlons d’une guérison progressive par le biais du jeûne, ce qui est plus efficace que d’effectuer une cure de jeûne plus longue à quelques années d’intervalle.

Jeûne thérapeutique avec des jus de fruits et de légumes frais et colorés.

Cependant, pour stabiliser le succès ou à titre préventif, des intervalles de jeûne plus courts sont également intéressants. Par exemple, un jour de jeûne au jus par semaine ou bien encore la méthode 5/2, c’est-à-dire deux jours de régime par semaine pendant lesquels, par exemple, seuls des légumes et/ou des pommes de terre sont consommés.

Quelles nouvelles connaissances avez-vous acquises à la suite de votre étude intensive sur le sujet du jeûne et de la guérison pendant la rédaction de votre livre ? N’hésitez pas à donner à nos lecteurs un petit aperçu.

J’ai mentionné le switch métabolique, c’est-à-dire le changement du métabolisme de l’utilisation des glucides à l’utilisation des corps cétoniques. Alors que dans le passé on pensait que ces substances étaient mauvaises, voire dangereuses, on a constaté ces dernières années un certain nombre d’effets positifs. Il existe déjà des études qui considèrent que même une cétose légère est favorable, notamment pour le cerveau, et que les personnes souffrant de démence, par exemple, peuvent en tirer profit. Le corps possède manifestement une sorte de système hybride pour l’utilisation de l’énergie.

La Malteser Klinik associe des méthodes de guérison naturelles à la médecine conventionnelle. Pourquoi cette combinaison est-elle si prometteuse ? Et quelle est la vérité de l’affirmation selon laquelle la médecine conventionnelle ne s’attaque souvent qu’aux symptômes de la souffrance, mais pas à sa cause profonde ?

La combinaison des traitements naturopathiques avec la médecine conventionnelle est utile et nécessaire avant tout parce que nous pouvons combiner les possibilités des diagnostics de la médecine conventionnelle et leurs propositions de traitement médical intensif avec les approches naturelles de la naturopathie. Le changement de mode de vie est au centre de cette démarche. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) considère que le changement de mode de vie est une nécessité pour que les centres de santé restent financièrement accessibles à l’avenir.

Avec quels maux les patients viennent-ils le plus souvent dans votre clinique ? Combien de temps restent-ils et quels programmes de jeûne sont les plus populaires ?

Parallèlement, de très nombreuses personnes désirent une “remise à zéro“. Cette volonté s’explique par le grand nombre de facteurs de stress liés à la vie moderne. Très souvent, les patients viennent nous voir pour toutes sortes de problèmes orthopédiques, et nous constatons qu’une grande partie de ce qui est qualifié “d’usure” au niveau de la colonne vertébrale ou des articulations est en fait causée par des tensions musculaires. Cela ouvre des approches totalement nouvelles pour la prise en charge de la douleur par exemple, et la physiothérapie joue un rôle majeur dans notre clinique.

Les cures de jeûne de la clinique Malteser vont du jeûne thérapeutique classique au jeûne intermittent en passant par le jeûne et randonnée. Quel type de jeûne recommandez-vous aux débutants ?

De manière générale, toutes les méthodes citées conviennent aux débutants voulant pratiquer le jeûne. Toutefois, en particulier pour le jeûne et randonnée, il faut bien sûr avoir une condition physique et une aptitude à la marche suffisantes et ne pas souffrir d’une maladie cardiovasculaire aiguë avec arythmie cardiaque par exemple.

Trois femmes lors d'un jeûne et randonnée. Jeûne thérapeutique avec exercices.

Le jeûne pour les débutants : Certaines personnes aiment apprendre à connaître le jeûne ou la détox en l’essayant confortablement à la maison. Que doivent absolument savoir les débutants avant de commencer le grand nettoyage intérieur de leur corps ? 

Nous recommandons souvent aux patients de se préparer à l’avance, c’est-à-dire qu’avant le début d’une cure de jeûne il faudra manger par exemple pendant 2 à 3 jours uniquement des pommes de terre et des légumes ou du riz et des légumes, avec éventuellement une huile végétale de qualité, mais pas de protéines animales et surtout pas de plats préparés. Cela conduit déjà à une assez bonne détoxification et permet une transition plus facile vers le jeûne au jus par exemple.

Jeûne au jus à base de carottes et de mandarines au romarin.

Toutefois, si vous n’avez jamais jeûné auparavant, vous ne devez pas le faire complètement seul. Je vous recommande de rejoindre un groupe de jeûneurs. Sinon, cette déclaration du célèbre médecin spécialiste du jeûne Hellmut Lützner s’applique : on distingue le jeûne préventif pour les personnes encore en bonne santé et le jeûne thérapeutique au sens propre pour les personnes déjà malades. Le premier est généralement pratiqué en ambulatoire, le second devrait plutôt être pratiqué dans une clinique en hospitalisation.

Les nouveaux adeptes du jeûne doivent également être informés sur les contre-indications du jeûne et en être conscients : Il ne faut pas se contenter de commencer brusquement un jeûne, mais il faut s’y préparer mentalement, surtout lorsqu’il s’agit d’un jeûne thérapeutique.

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